Saturday, January 11, 2025

Le secrétaire Antony J. Blinken acceptant la Légion d’honneur 

Department of State United States of America

Traduction fournie par le département d'État des États-Unis à titre gracieux



Département d'État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d'État
Palais de l'Élysée
Paris, France
Le 8 janvier 2025
Extraits  

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE D'ÉTAT BLINKEN : Monsieur le Président, mes chers collègues, mes amis, mes proches : c'est l'honneur d'une vie de recevoir cette distinction, entouré de personnes que je considère comme ma famille élargie, dans une ville que, oui, je considère depuis longtemps comme un autre chez-moi. Et Monsieur le Président, c'est d'autant plus significatif que cela vient de vous, un homme dont j'admire infiniment la profondeur intellectuelle, la curiosité, l'esprit d'initiative et la résilience. Cela rend cette distinction encore plus spéciale qu'elle ne l'est par elle-même. 

Comme vous l'avez dit, Monsieur le Président, j'ai déménagé à Paris alors que je n'avais que neuf ans, avec ma mère, Judith, ici présente ce soir, et mon beau-père, Samuel Pisar. Ma sœur Leah, qui est également présente, est venue au monde peu après, à ma plus grande et éternelle joie, et j'associe également mes demi-sœurs Helaina et Alexandra. 

Et quand je suis arrivé à Paris – (…) 

C'est dans cette ville que j'ai assisté à mon premier concert de rock à l'âge de 14 ans : les Rolling Stones au Pavillon de Paris, à la Porte de Pantin, à l'extrémité nord de la ville. Je me permets de faire une petite digression : ce fut une nuit inoubliable, car le concert s'est terminé très tard. J'avais tout juste 14 ans et, avec mon meilleur ami de l'époque, nous n'avions pas d'autre moyen de retourner de l'autre côté de la ville que de marcher. Et marcher dans Paris la nuit, à 2 heures ou 3 heures du matin, voir la ville de cette manière alors qu'elle commençait à s'éveiller, est quelque chose dont je garde une image forte. 

C'est la ville où, avant de rencontrer ma femme, je suis tombé amoureux pour la première fois : du Paris Saint-Germain. (Rires.)  

Mais comme vous le dites, c'est aussi ici que j'ai pris conscience pour la première fois que je venais de quelque part. Vous avez parfaitement raison. Mes camarades de classe français, mes amis, le fait d'être originaire des États-Unis, pour eux, cela impliquait toute une série d'attentes, de stéréotypes. Puis, lorsque je me suis rendu chez moi, aux États-Unis, j'ai vécu le contraire, avec mes amis américains qui tenaient de grands discours sur la France. Et cela m'a permis de tirer deux leçons pour la vie : les pays et les cultures sont toujours plus complexes qu'ils ne le paraissent de l'extérieur ; et la meilleure façon de connaître un endroit est d'essayer d'apprendre à voir le monde à travers les yeux des gens qui y vivent. Et c'est cette chance exceptionnelle que j'ai eue très jeune en venant en France. 

Pour la première fois, je servais de pont entre des populations, en prêtant attention non seulement à ce qui les distinguait, mais aussi à ce qu'elles avaient en commun. À l'école, précisément comme vous l'avez dit, avec mes camarades de classe non seulement de France, mais aussi du monde entier, nous discutions de tout, nous débattions de tout, nous nous disputions sur tout, le Vietnam, le Watergate, la crise pétrolière, l'Afghanistan, la guerre froide. Tout ceci était mis sur la table. Et je ne pense pas que j'en avais conscience à l'époque, mais j'étais en train d'apprendre à devenir diplomate. Et il s'avère que je n'avais pas besoin de chercher bien loin pour trouver des modèles.   

Ni ma mère ni mon beau-père ne sont nés ici, mais tous deux se sont consacrés de manière exceptionnelle au rapprochement entre la France et les États-Unis, entre les Français et les Américains, autour des passions qui les animaient. 

Pour Sam, Paris a été son premier refuge après avoir survécu à l'Holocauste. Et, comme il se plaisait à le dire, Paris est l'anagramme de Pisar. Recueilli par une tante et un oncle qui faisaient partie des milliers de Juifs sauvés par les Justes du Chambon-sur-Lignon, Sam a fait de la réalisation de l'axiome « plus jamais ça » la passion de sa vie.  

Il a assisté à la réconciliation entre la France et l'Allemagne, à la construction de l'Europe. Il pensait qu'il n'y avait pas d'animosité héréditaire, que le passé ne devait pas être un prologue. Mais il croyait aussi qu'il fallait rester éternellement vigilant, car l'aspiration de l'humanité au meilleur peut parfois être dépassée par sa capacité au pire.  

C'est le message qu'il a délivré aux pays, aux populations du monde entier ainsi qu'aux nombreux dirigeants français et américains qu'il a eu l'occasion de conseiller. C'est ce qu'il a clamé lorsqu'il a été nommé grand officier en 2012, soulignant la nécessité urgente, comme il l'a dit à l'époque, « d'alerter les générations futures sur les dangers existentiels qui menacent de détruire leur monde » comme ils ont détruit le sien. 

Lorsque ma mère a rejoint Sam ici, elle s'est attachée à tisser des liens entre les artistes de l'autre côté de l'Atlantique, en dirigeant l'American Center à Paris, animée, comme elle l'a dit, lorsqu'elle a reçu l'honneur d'être commandeur en 2021, par, je cite, « une croyance inébranlable dans le pouvoir de l'art et de la culture de rassembler les gens à travers les pays, les cultures, les religions, les races. » 

Tous deux se sont consacrés à des causes que j'ai essayé de faire avancer au cours de mes décennies de service public. 

Et tous deux ont constaté, comme moi, que nos deux pays étaient particulièrement bien placés pour faire avancer ces causes en raison des principes fondamentaux que nous partageons et de notre détermination constante, jamais totalement concrétisée, à les respecter. 

Notre croyance en la liberté, en l'égalité, en les droits humains de tous, les droits des individus et des pays à choisir eux-mêmes leur voie, à forger eux-mêmes leur destin. 

Des principes pour lesquels des générations de femmes et d'hommes français et américains ont consenti le sacrifice ultime. 

Comme les héros que j'ai rencontrés plus tôt cette année à vos côtés, Monsieur le Président et à ceux du président Biden, à l'occasion du 80e anniversaire du Débarquement. Des personnes comme Ben Miller, qui n'avait que 19 ans lorsqu'il est monté, le 6 juin 1944, avec plus d'une dizaine d'autres médecins, à bord d'un planeur recouvert de tissu et a traversé la Manche. Lors de la descente, le pilote a dû manœuvrer entre les poteaux téléphoniques géants que les nazis avaient plantés le long de la côte. 

Les poteaux ont déchiqueté les ailes du planeur, mais ils ont survécu à l'atterrissage et se sont élancés sur les plages normandes. Et comme Ben l'a raconté plus tard, « j'ai perdu ma peur après cela… parce qu'on avait trop de choses à faire. »  Sous une pluie de bombes et de balles, il a, avec d'autres médecins, mis les soldats blessés à l'abri et soigné leurs blessures, sauvant ainsi d'innombrables vies. 

Mardi prochain, Ben fêtera ses 100 ans. 

La trajectoire commune de nos pays a été façonnée par les contributions extraordinaires d'individus comme lui et de ceux à qui vous avez rendu hommage si magnifiquement, avec tant de dignité et d'élégance, en Normandie, et dont nous ne connaîtrons jamais le nom ni l'histoire pour la plupart.  

Des citoyens français et américains qui ont mené nos pays dans la lutte non seulement pour vaincre la tyrannie, mais aussi pour guérir des maladies mortelles, pour éradiquer des injustices profondément ancrées, pour préserver cette planète majestueuse, et tant d'autres initiatives qui ont amélioré la vie de nos peuples et des peuples du monde entier. 

Cette histoire nous fait bien comprendre la responsabilité particulière qui est la nôtre, non seulement de préserver la relation dont nous avons hérité, mais aussi de la développer, de la rendre encore plus forte. 

En particulier en cette période où nos républiques sont remises en question à la fois de l'intérieur par une polarisation croissante et une perte de confiance dans les institutions démocratiques, et de l'extérieur par des adversaires déterminés à démolir le système de règles et de droits pour lequel les générations précédentes ont tant sacrifié afin de le façonner et de le défendre.  

Si nous voulons sortir plus forts de cette période, comme nous l'avons fait si souvent par le passé, les États-Unis et la France doivent continuer de s'adapter, d'apprendre les uns des autres, de travailler ensemble, de s'améliorer mutuellement. 

Et bien sûr, ce n'est pas seulement la tâche de nos gouvernements.  

Comme l'avait observé Alexis de Tocqueville, l'un des observateurs les plus perspicaces des débuts de l'Amérique, « la santé d'une société démocratique peut être mesurée par la qualité des fonctions exercées par les citoyens privés. » 

Alors que je prépare ma transition vers la vie privée dans les jours à venir, je me rappelle que le projet de maintien de nos démocraties est et sera toujours avant tout le devoir de nos citoyens. 

Dans ce rôle sacré, et pour le reste de mon temps, j'espère me montrer digne de l'honneur que vous m'avez fait aujourd'hui. 

So,  aux armes, citoyens. (Rires.)  Marchons, marchons ensemble. 

Vive la France !  

Que Dieu bénisse l'Amérique. (Applaudissements.) 


Voir le contenu d'origine : https://www.state.gov/secretary-antony-j-blinken-upon-accepting-the-legion-dhonneur-award/  

Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi. 

 


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